Honoré de Balzac
Honoré de Balzac
1799-1850
Plan de la page:
I- Présentation
IV- Le retour des personnages: vraie naissance de la Comédie Humaine
V- L'avant-porpos: le projet de la Comédie Humaine dévoilé
VI- Suite et réorganisation de l'œuvre
VII- Ampleur de l'œuvre balzacienne: la résurrection d'une époque
VIII- Bibliographie sélective de l'auteur
Honoré de Balzac, romancier français, auteur d'une gigantesque épopée romanesque, la Comédie humaine.
Selon la légende, lorsque Honoré de Balzac s'éteignit en 1850, son dernier mot fut pour appeler à son secours Bianchon, le médecin fictif de la Comédie humaine: l'œuvre titanesque avait pris le pas sur le réel.
La Comédie humaine comprend quatre-vingt-onze romans achevés et quarante-six autres à l'état de projet. Elle met en scène plus de deux mille personnages, des « types » (selon leur créateur) devenus presque des mythes littéraires, comme le père Goriot, Rastignac ou Vautrin.
Issu d'une famille bourgeoise (le père de Balzac était directeur des vivres de la 22e division militaire de Tours), Honoré de Balzac naquit le 20 mai 1799 à Tours. Deux filles et un garçon virent le jour après lui: Laure, en 1800, avec qui il entretint toute sa vie des rapports privilégiés, puis Laurence en 1802 et Henri en 1807. Le 22 juin 1807, à l'âge de huit ans, Honoré de Balzac entra comme pensionnaire au collège de Vendôme: expérience traumatisante qui nourrit son roman Louis Lambert (1832). Le 1er novembre 1814, la famille Balzac quitta Tours et s'installa à Paris dans le quartier du Marais. L'ambition de sa mère étant d'en faire un notaire, Balzac entra alors comme petit-clerc chez l'avoué Jean Guyonnet-Merville (expérience qui inspira l'étude Derville dans la Comédie humaine et notamment dans le Colonel Chabert).
Dès 1818, Balzac renonça pourtant aux études d'avoué et déclara à ses parents qu'il souhaitait devenir écrivain. Avec leur accord, il s'installa dans une mansarde de la rue Lesdiguières, où ils lui donnaient un an pour mettre à l'épreuve sa nouvelle vocation. Le premier essai de Balzac fut une tragédie, Cromwell, qui ne reçut que peu d'encouragements dans le cercle familial et amical. Le jeune homme se résolut donc à produire de la littérature industrielle, celle qui fait (mal) vivre et il s'employa dans l'atelier Poitevin qui produisait des romans populaires. C'est en janvier 1822 que fut mis en vente une sorte de roman gothique à la manière d'Ann Radcliffe intitulé l'Héritière de Birague, qui portait une triple signature, parmi lesquelles celle, pseudonyme, de Balzac. Ce dernier écrivit encore quelques autres romans, seul ou en collaboration, mais toujours sous pseudonyme: citons le Centenaire ou les Deux Beringheld (1822), le Vicaire des Ardennes (1822) ou la Dernière Fée (1823). Grâce à sa rencontre avec un jeune journaliste, Horace Raisson, en 1823, Balzac vit s'ouvrir devant lui la carrière autrement plus fructueuse de publiciste. Mais, quelques années plus tard, le succès de librairie vint enfin, avec la Physiologie du mariage, publié anonymement en 1826. Cet ouvrage se voulait la critique acerbe de la réalité du mariage, une réalité qui n'avait traditionnellement pas sa place dans l'univers romanesque.
Durant cette même année 1826, Balzac se fit éditeur puis imprimeur: en deux ans, il contracta avec ces activités cent mille francs de dettes, ce qui le jeta dans des problèmes financiers pour le restant de ses jours. C'est à partir de cette époque que, par nécessité, son activité journalistique devint considérable: il écrivit dans les revues et dans les journaux de ses amis, comme la Silhouette ou la Caricature, mais aussi dans ceux qu'il dirigea, la Chronique de Paris en 1836, par exemple. A partir de 1836 (parution de la Vieille Fille), la plupart des romans de Balzac furent d'abord publiés en feuilleton avant d'être édités en volume.
Dès lors, Balzac ne vécut sa vie que par la littérature et à un rythme de forcené (pour le Père Goriot, dira-t-il, il ne dormit pas même deux heures par nuit pendant quarante jours). Mû, certes, par son désir passionné d'écriture, il écrivit sans doute aussi à cause de ses dettes importantes, qui toujours l'obligèrent à se remettre à l'ouvrage. Cette condition économique de forçat de la littérature et une certaine clairvoyance sociologique l'ont certainement poussé à choisir de décrire la puissance nouvelle de l'argent dans la société de la Restauration. Légitimiste convaincu, il ne cessa en effet de montrer le déclin de la noblesse et l'émergence d'une bourgeoisie capitaliste.
III- Début du nom de Balzac:
Le Dernier Chouan ou la Bretagne en 1800 fut le premier roman que Balzac signa de son nom. Ce fut aussi un échec commercial mais, qu'importe, le difficile accès à la signature d'auteur était acquis.
Au mois d'octobre 1829, Balzac rédigea la Maison du chat-qui-pelote. Dans cette nouvelle s'esquisse pour la première fois la puissance et la fécondité du génie balzacien: il s'employait, au-delà des modes du roman populaire, du roman noir, du roman fantastique, du roman historique, à créer un nouveau genre - le roman de mœurs contemporaines. Dans les premiers mois de mars 1830, il écrivit dans la même veine la Vendetta, Gobseck, Une double famille et le Bal de Sceaux, ensemble de textes qu'il fit paraître sous le titre de Scènes de la vie privée.
C'est en mai 1832 que parut le deuxième tome des Scènes de la vie privée. De l'ensemble se détachent surtout deux romans: le Colonel Chabert et le Curé de Tours, avec lesquels Balzac écrivait ses premiers grands drames de la vie privée, ces drames dont les causes sont dans l'opposition des tempéraments et des intérêts et dont les batailles sont des procès. Le 3 septembre 1833 parut le Médecin de campagne, qui avait pour objet de diffuser les idées légitimistes de Balzac auprès des électeurs de Chinon.
Par ailleurs, Balzac fit paraître à cette époque (en 1832, 1833 et 1837) le premier recueil des Contes drolatiques, des histoires savoureuses et érotiques écrites dans un style qui pastiche la langue du XVIe siècle.
En 1832, Balzac annonça Eugénie Grandet à une mystérieuse correspondante dont il venait de recevoir un message admiratif signé « l'Etrangère ». Il s'agissait de la comtesse Eve Hanska, issue d'une illustre et riche famille polonaise. Après avoir longuement correspondu avec elle, Balzac la rencontra à Neuchâtel en septembre 1833 et devint son amant à Genève en janvier 1834. Cette liaison, qui s'acheva par un mariage en 1850, fut de loin l'événement sentimental le plus important de la vie de Balzac. La correspondance qu'ils échangèrent fournit en outre de précieux renseignements sur la genèse et l'élaboration de la Comédie humaine.
|
IV- Le retour des personnages: vraie naissance de la Comédie Humaine Un jour de l'année 1833, Honoré de Balzac, fou de joie, fit irruption chez sa sœur, Laure de Surville, et s'écria: « Salue-moi, car je suis tout bonnement en train de devenir un génie. » Il venait d'entrevoir la première ébauche d'une œuvre colossale dont le principe serait le retour des personnages d'un roman à l'autre. Il appliqua immédiatement ce principe en 1835 dans le Père Goriot, en utilisant comme personnage principal un jeune homme arriviste du nom d'Eugène de Rastignac, déjà entrevu - mais plus âgé et «parvenu» - dans la Peau de chagrin (1831). Ces personnages qui ressurgissaient épisodiquement d'un roman à l'autre commencèrent à former ce vaste réseau d'intrigues, d'intérêts, de passions et d'aventures dans lequel, comme en un gigantesque filet, le romancier enveloppa la société entière de son temps.
V- L'avant-propos: le projet de la Comédie humaine dévoilé Le 2 octobre 1841, Balzac signa un contrat pour la publication de son œuvre avec les éditeurs Furne, Dubochet, Hetzel et Paulin. Ce contrat comprenait non seulement les œuvres déjà parues mais aussi celles à venir. Il assurait à Balzac cinquante centimes par volume publié et trois mille francs par titre inédit en librairie. Le titre la Comédie humaine, choisi en hommage à la Divine Comédie de Dante, fut imprimé pour la première fois en juillet 1842, au fronton de la première édition des œuvres complètes de Balzac.
VI- Suite et réorganisation de l'œuvre: L'œuvre ne cessa alors de s'enrichir, au prix d'un lourd travail: trois tomes de la Comédie humaine parurent en 1842 et trois autres en 1843. Pour comprendre le labeur de l'auteur, il faut imaginer que chacun des soixante-quatorze romans, chacun des contes, chacune des nouvelles a été écrit en moyenne de sept à dix fois. Pour Balzac, en effet, une épreuve n'était qu'un brouillon, qu'il raturait abondamment jusqu'à atteindre la perfection - au grand dam des typographes et des éditeurs.
VII- Ampleur de l'œuvre balzacienne: la résurrection d'une époque Le 6 février 1844, Balzac avait écrit à Eve Hanska: « En somme, voici le jeu que je joue. Quatre hommes auront eu une vie immense: Napoléon, Cuvier, O'Connel et je veux être le quatrième. Le premier a vécu la vie de l'Europe; il s'est inoculé des armées! Le second a épousé le globe! Le troisième s'est incarné un peuple! Moi, j'aurai porté une société tout entière dans ma tête. » Toute la société de la Révolution, de l'Empire, de la Restauration et de la monarchie de Juillet est représentée dans la Comédie humaine à travers la déclinaison de toutes les classes sociales: l'armée, les affaires, le monde, la finance, le faubourg Saint-Germain, la paysannerie, les petites gens, Paris, la province, le bagne, etc. A tel point qu'il semble impossible de connaître la vie sociale et politique des contemporains de Louis-Philippe si l'on ignore le monde balzacien. Selon lui, chaque être possède un capital d'énergie que la société tente de canaliser. Or la Révolution et l'Empire ont rendu toutes les mutations possibles: toutes les ascensions comme toutes les déchéances. Dans ce jeu social, dans ce jeu des passions et des idées, le romancier se fait en quelque sorte zoologue: il classe les espèces humaines comme les espèces animales et souligne les évolutions.
|